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MANON AUDINET

stratègiste Team France

Avec la mer pour ADN et l’adrénaline pour moteur, à 33 ans Manon Audinet vit son rêve sur le SailGP. Stratégiste de la Team France, la rochelaise dompte les trajectoires d’un F50 volant sur l’eau à pleine vitesse.

Quel est votre rôle ?

Je joue avec le vent et les adversaires pour essayer de prendre la meilleure route et gagner les courses, tout en surveillant les positions des autres pour ne pas créer de situation dangereuse. Le barreur a un énorme angle mort. Il ne voit pas la partie sous le vent de l’aile. Avec une densité de 12 bateaux sur nos parcours très petits, il faut éviter tout contact. Concentrée à 100%, il faut aussi oser des croisements audacieux pour attraper la place qui va nous faire gagner un point, et tenir cet équilibre 15 minutes entre prise de risque et sécurité.

Comment réussi-t-on dans la voile en tant que femme ?

J’ai eu la chance d’être tout le temps dans des groupes masculins en équipage mixte. Passionnée, motivée, comme toute athlète j’ai déployé une importante force de travail car je voulais aller le plus loin possible et réussir à amener une plus-value à l’équipe qui me choisit.

Quel est votre petit truc en plus à bord ?

Techniquement, j’étais déjà à l’aise sur ces bateaux et pouvais bien faire mon job de stratégiste car j’ai toujours navigué sur des supports rapides, notamment en catamaran sur foil pour les Jeux Olympiques de Tokyo avec Quentin. Et ça se passe très bien avec l’équipe. Sur un bateau, il faut se faire parfaitement confiance et bien s’entendre. Dans notre équipe chacun a sa place au service de la performance.

C’est important, cette complémentarité hommes/femmes sur l’eau ?

Je préfère les équipages mixtes, c’est plus simple et plus sain. Ca commence à être un peu plus normal et normalisé. Physiquement, sans la technologie, on ne peut pas lutter avec des hommes de 100 kg qui développent plus de force que nous. Je suis contente de ne pas être trop vieille et d’y avoir eu accès.

Le quota féminin imposé aux équipes apporte une complémentarité importante ?

Honnêtement, sans ce quota d’une femme à bord, il n’y en aurait pas beaucoup dans les équipes. A nous d’être à la hauteur et de montrer ce qu’on vaut en saisissant cette chance. Ce n’est pas juste une question homme-femme. Il faut avoir le niveau et les compétences pour être performante. J’espère que ça va être plus facile pour les générations qui arrivent. Ces bateaux sont de moins en moins physiques et nous permettent d’être au même niveau que les hommes. En dehors du physique, il y a plein de choses où on est largement au niveau, voire meilleure.

Les principales difficultés du F50 ?

Tout va vraiment très vite. Les vitesses et les angles de déplacement des bateaux changent tout le temps. Pour anticiper les croisements, tout doit aller très vite. Il faut beaucoup d’instinct et avoir un schéma en tête à reproduire sans l’avoir forcément fait souvent. Il faut arriver à être prête et être capable d’être aussi performante voire plus que les autres. C’est une façon différente de s’entraîner et de se préparer assez intéressante.

Que ressentez-vous en mer ?

Je me sens bien, chez moi et tellement chanceuse de pouvoir être sur un bateau extraordinaire avec une super équipe. Je me sens assez privilégiée. Il ne faut pas oublier d’apprécier ce qu’on fait.

Qu’est-ce qui vous rend heureuse ?

Naviguer et le partager avec mon conjoint qui a rejoint le même bateau, c’est extraordinaire. Et encore plus maintenant, depuis un an et demi, avec notre petit garçon.

Être sur le même circuit vous aide à concilier vie de couple, de mère et de sportive de haut niveau ?

Non, pas du tout ! C’est génial mais c’est presque plus compliqué que si on faisait un métier différent. Logistiquement parlant, c’est une galère. Heureusement que ma famille nous aide pour garder le petit. Le fait que ce soit un peu compliqué rend les choses encore plus spéciales.

Vous aviez un record de vitesse avec le F50 à 99,4 km heure. Cette saison, on atteint la barre des 100 km/h ?

Il a été battu par une autre équipe avec de nouveaux foils censés être plus performants. On les aura au SailGP France. On attend d’arriver à Saint-Tropez pour rebattre le record. Je suis tellement contente qu’on revienne en septembre ! On a hâte.

Comment ressentez-vous l’arrivée de Kylian Mbappé en partenaire de l’équipe de France ?

Qu’une personne comme lui fasse partie du projet est hyper gratifiant et signifie que notre sport commence à plaire au-delà de notre petit monde de voileux. Jusqu’ici c’était compliqué d’intéresser les gens et médiatiser la voile. Je suis très fière de le voir arriver dans l’équipe. C’est inspirant et très motivant.

Il y a un engagement environnemental de cette compétition. Constatez-vous une accentuation de la pollution sur l’eau ?

Oui surtout dans les pays moins favorisés. Rio est un des pires endroits où j’ai navigué. C’est inimaginable. Je me demandais comment on pourrait naviguer sur nos bateaux à foils dans une eau aussi polluée. Voir des animaux marins et des oiseaux évoluer là-dedans fait horriblement mal au cœur. Il y a un problème. Il va falloir réussir à trouver des solutions. Chez nous, on ne se rend pas compte, mais on est très privilégiés.

Vous rêvez d’un projet incroyable pour le jour où vous quitterez la voile, l’avez-vous trouvé ?

Pas encore. Depuis que j’ai un enfant, je me rends compte que c’est déjà un projet incroyable qui prend beaucoup de temps !

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